the grindr project
Installation exposée au Centre d'art Éléphant Paname du 1 au 3 décembre 2017 dans le cadre de l'exposition collective DELTA.
Dans une société régie par l’apparence, les hommes n’échappent pas aux canons de beauté. C’est flagrant au sein de la communauté homosexuelle. Celle-ci s’est construite, de fait, autour d’une sexualité d'un désir et donc souvent d'un culte de l’apparence et donc de multiples discriminations. Une étude de 2015 auprès d’hommes gays montre que 90% d’entre eux affirment vouloir un partenaire grand, blanc, musclé et masculin. Ces discriminations, justifiées par des «goûts» personnels causent chez beaucoup d’homosexuels un sentiment de rejet par leur propre communauté. Ce phénomène est décuplé par l’arrivée des applications de rencontre. Elles sont désormais utilisées par au moins 70% des hommes gays et sont devenues pour beaucoup d’entre eux leur premier mode d’interaction avec d’autres homosexuels. Le rejet y est d’autant plus violent qu’il s’y fait par le silence. Dans un lieu physique, ce rejet passe par une discussion, pouvant donner lieu à un échange. Sur ces applications, l'échange est réduit à une absence de réponse si la personne n’est pas considérée comme attirante. Souvent certains affirment même leurs préférences (et surtout leurs rejets) de manière péremptoire. On peut trouver en description de certains profils une liste parfois très exhaustive de ce qu’ils ne considèrent pas comme attirant : « no fat, no fem, no asian, no black... ». Ces critères ont pour effet et de marginaliser une grande partie de la communauté homosexuelle et à faire tendre celle-ci vers une uniformisation : il faut gonfler, raser, sculpter son corps pour correspondre à des canons de plus en plus hors de portée.
Cette installation propose de recréer la violence d’un rejet sourd, vécu par ceux qui ne correspondent pas à ce modèle. Une pièce entière a été investie dans le lieu d’exposition. Sa particularité : une arche et deux grandes ouvertures donnent à voir l’intérieur, de l’extérieur. Sur les murs de cette pièce sont projetés les images de corps entremêlés tandis que résonne musique de club frénétique, recréant une caricature de fête, d’orgie. Si elle ne met pas forcément à l’aise, invite à entrer et à participer à l’expérience. Or lorsque l’on pénètre dans la pièce, on est privé de cette expérience : les images disparaissent et sont remplacés par les messages de refus «no black», «no fat», «no fem», et la musique devient un acouphène dérangeant : la fête s’arrête. Personne n’y est en réalité invité. Le dispositif fait du spectateur une victime de discrimination mais aussi un témoin et donc presque un acteur de celle-ci car lorsqu’une personne pénètre dans le lieu, d’autres assistent de l’extérieur à son rejet. Lorsque le visiteur sort, la musique et les images reprennent : la fête ne bat son plein que quand la pièce est vide.
the grindr project
Installation exposée au Centre d'art Éléphant Paname du 1 au 3 décembre 2017 dans le cadre de l'exposition collective DELTA.
Dans une société régie par l’apparence, les hommes n’échappent pas aux canons de beauté. C’est flagrant au sein de la communauté homosexuelle. Celle-ci s’est construite, de fait, autour d’une sexualité d'un désir et donc souvent d'un culte de l’apparence et donc de multiples discriminations. Une étude de 2015 auprès d’hommes gays montre que 90% d’entre eux affirment vouloir un partenaire grand, blanc, musclé et masculin. Ces discriminations, justifiées par des «goûts» personnels causent chez beaucoup d’homosexuels un sentiment de rejet par leur propre communauté. Ce phénomène est décuplé par l’arrivée des applications de rencontre. Elles sont désormais utilisées par au moins 70% des hommes gays et sont devenues pour beaucoup d’entre eux leur premier mode d’interaction avec d’autres homosexuels. Le rejet y est d’autant plus violent qu’il s’y fait par le silence. Dans un lieu physique, ce rejet passe par une discussion, pouvant donner lieu à un échange. Sur ces applications, l'échange est réduit à une absence de réponse si la personne n’est pas considérée comme attirante. Souvent certains affirment même leurs préférences (et surtout leurs rejets) de manière péremptoire. On peut trouver en description de certains profils une liste parfois très exhaustive de ce qu’ils ne considèrent pas comme attirant : « no fat, no fem, no asian, no black... ». Ces critères ont pour effet et de marginaliser une grande partie de la communauté homosexuelle et à faire tendre celle-ci vers une uniformisation : il faut gonfler, raser, sculpter son corps pour correspondre à des canons de plus en plus hors de portée.
Cette installation propose de recréer la violence d’un rejet sourd, vécu par ceux qui ne correspondent pas à ce modèle. Une pièce entière a été investie dans le lieu d’exposition. Sa particularité : une arche et deux grandes ouvertures donnent à voir l’intérieur, de l’extérieur. Sur les murs de cette pièce sont projetés les images de corps entremêlés tandis que résonne musique de club frénétique, recréant une caricature de fête, d’orgie. Si elle ne met pas forcément à l’aise, invite à entrer et à participer à l’expérience. Or lorsque l’on pénètre dans la pièce, on est privé de cette expérience : les images disparaissent et sont remplacés par les messages de refus «no black», «no fat», «no fem», et la musique devient un acouphène dérangeant : la fête s’arrête. Personne n’y est en réalité invité. Le dispositif fait du spectateur une victime de discrimination mais aussi un témoin et donc presque un acteur de celle-ci car lorsqu’une personne pénètre dans le lieu, d’autres assistent de l’extérieur à son rejet. Lorsque le visiteur sort, la musique et les images reprennent : la fête ne bat son plein que quand la pièce est vide.